Le Maroc est confronté à un exercice d'équilibre entre s'allier à Israël sans céder aux Palestiniens

Daily Times:- Le Maroc est confronté à un dilemme entre la défense de son alliance "stratégique" avec Israël et l'abandon de la cause palestinienne, qui bénéficie toujours d'un soutien populaire après l'arrivée au pouvoir du gouvernement le plus à droite de l'histoire d'Israël.
Cette question est apparue sur le devant de la scène récemment lorsque le roi Mohammed VI a réprimandé le Parti islamiste de la justice et du développement (parti d'opposition parlementaire) en réponse à sa position condamnant la diplomatie marocaine pour avoir favorisé Israël.
Dans un communiqué, la Cour royale a qualifié le comportement d'"irresponsable" et inclus "de graves inexactitudes" de la part du parti, qui a accusé le ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Brita de "défendre l'entité sioniste".
Le palais royal a confirmé que la position du Maroc sur la question palestinienne est "irréversible".
Rabat affirme aussi régulièrement son attachement à la cause palestinienne, qui est "l'une des priorités de la politique étrangère de Sa Majesté le Roi, Président du Conseil de Jérusalem", qui est liée à la préservation du caractère islamique de la ville.
Dans le même contexte, le ministre marocain des Affaires étrangères a déclaré : « Le royaume condamne et rejette toujours tout acte irresponsable et tout acte qui pourrait être incendiaire ou avoir un impact négatif », commentant les récentes déclarations d'un ministre israélien d'extrême droite, en qu'il a nié l'existence du peuple palestinien.
Le Maroc défend l'établissement d'un État palestinien sur les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale, aux côtés de l'État d'Israël.
Rabat a normalisé ses relations diplomatiques avec Tel-Aviv en décembre 2020, dans le cadre des accords d'Abraham, qui incluaient plusieurs pays arabes sous l'égide des États-Unis.
En échange, Rabat a obtenu de Washington la reconnaissance de la "souveraineté marocaine" sur le Sahara occidental, le territoire revendiqué par le Front Polisario, soutenu par l'Algérie.
Le rythme du partenariat entre les deux pays s'est accéléré depuis, notamment dans le domaine des équipements militaires (drones) et de la cybersécurité, dans une course aux armements avec l'Algérie dans un contexte de tension entre les deux voisins.
Si la coopération économique est encore loin des ambitions, les échanges commerciaux entre le Maroc et Israël ont augmenté en 2022 (+32%) au profit d'Israël, et le nombre de touristes israéliens ayant visité le Royaume a augmenté (200.000 visiteurs israéliens), selon les chiffres officiels.
Ce partenariat repose également sur la présence de quelque 700 000 Israéliens originaires du Maroc et ayant entretenu des liens forts avec leur pays d'origine.
Cependant, l'arrivée d'un courant d'extrême droite au pouvoir en Israël, contre toute reprise des négociations avec les Palestiniens, et la violence dans les territoires occupés, après un obstacle à ce rapprochement.
Si la réponse aux activités militantes pro-palestiniennes s'est affaiblie au Maroc, la sympathie pour cette cause est encore large.
Récemment, une centaine de personnalités de la société civile ont lancé un appel au gouvernement marocain pour mettre fin à la normalisation.
Mais la poursuite des affrontements en Cisjordanie pourrait-elle saper les fondements des accords d'Abraham ?
Cela est confirmé par le fait que le sommet du Néguev, qui devait réunir ce mois-ci dans le royaume les ministres des affaires étrangères des États-Unis, d'Israël, de l'Égypte, du Maroc, des Émirats arabes unis et de Bahreïn, a été reporté, selon des sources diplomatiques.